mercredi 16 octobre 2024

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Xavier-Marie Garcette vous présente son héros : François, le marquis de Saint-Sozy

L’ouvrage porte un titre plutôt long, qui donne un aperçu de ce à quoi va ressembler ce voyage. Le marquis de Saint-Sozy : un aristocrate quercinois au siècle des Lumières est une fiction historique. Ce récit de vie va retracer l’existence du protagoniste, appelé François de Saint-Sozy. D’abord introduit comme un noble issu de la campagne en Dordogne, celui-ci est rapidement présenté au roi Louis XV. Très éloigné de son berceau, le jeune homme évolue grâce à ce voyage qui va s’avérer très formateur. En effet, pour ce garçon habitué à la nature et à son château, Versailles semble hypocrite, grande et artificielle. Heureusement, François peut compter sur la bienveillance de son oncle, Emmanuel de Noailles. À défaut de pouvoir profiter de la tendre présence et protection d’un père démonstratif, cet homme qu’il n’avait pourtant jamais rencontré se révèle très intelligent quoiqu’un brin provocateur. En effet, François vient à peine de sortir de l’œuf : il est très croyant et juge l’attitude des Parisiens désinvolte et impie. Comme les nobles et courtisans se pavanent dans l’opulence et la richesse, cela l’éloigne considérablement de la vision qu’il a de la foi. Il remarque à quel point les apparences sont importantes, en s’intégrant notamment aux salons parisiens d’illustres dames. Lors de ces soirées chics et fermées, le protagoniste pénètre un monde qui le surprend, qu’il trouve très audacieux. Bien que François de Saint-Sozy soit le fruit de l’imagination de son auteur, Xavier-Marie Garcette, il fréquente d’éminentes figures historiques ayant véritablement existé. Cela confère une certaine crédibilité à un texte fin. Le résultat est à la hauteur, car les dates et références culturelles sont très précises. Cela démontre à quel point l’écrivain a dû pratiquer des recherches pointilleuses, pour présenter ce projet achevé.

Le lecteur suit l’avancée de François et ses remises en cause. La découverte de Voltaire et de la philosophie le piquent en plein cœur. En fait, il est aussi bien séduit par ces pensées qu’il critique, mais il est très sceptique vis-à-vis des positions théologiques de Voltaire. Pour rappel, Monsieur était déiste. Dans un climat où les élites s’interrogent sur le devenir d’une France étouffée par les dépenses inconsidérées d’une cour où certains nobles sont ruinés, François s’unit à la belle Anne. La fille est la descendante directe d’Alexandre Le riche de La Popelinière. Grâce à son attitude pour le moins singulière et son profil original, le paternel détestable accorde pourtant sa bénédiction concernant les noces. Les deux amoureux se marient. Malgré de lourdes difficultés à concevoir un bébé, Anne lui donne cinq enfants. Chacun connaîtra un destin particulier…

Ce roman divisé en deux parties met en avant l’approfondissement du personnage de François, son passage de l’enfance à l’âge adulte — puis sa vie de père de famille de nobles revenu en Dordogne. Son père est décédé : cela sonne comme un électrochoc en lui. Il faut qu’il puisse construire un nouveau château. Pour cela, il fait appel à Ange-Jacques Gabriel pour les travaux d’architecture. Un chantier pharaonique qui pousse même la famille à vivre dans la poussière pendant trois ans… Tandis que le frère de François rejoint les ordres, l’existence du domaine est rythmée par les rires des petits. Des héritiers au caractère bien trempé, et qui ne se ressemblent pas. Malheureusement, perdre des enfants en bas âge faisait hélas partie des mœurs et des tragédies habituelles en ce siècle…

La visite du vieux père d’Anne met en avant l’humanité de ce couple vivant à Saint-Sozy, surtout concernant l’esclave, dont il se vante sans pudeur. Plus tard, François décide de se rendre à Paris pour inviter un certain Wolfgang Amadeus Mozart. Lors d’un salon, François replonge dans ses jeunes années, non sans nostalgie…

Malgré d’autres évènements dramatiques, François réussit son pari : il approche Mozart et parvient même à entretenir une complicité avec lui, très rapidement. Il demande également à Élisabeth Vigée-Lebrun de se déplacer en Dordogne, afin de réaliser le portrait de la famille. Nourri par son instruction particulière à Paris, François voit les choses en grand pour la campagne avec notamment un projet de conservatoire. Cependant, le rythme y est plus lent qu’à la capitale, et nombreux sont les jeunes illettrés. Les enfants Saint-Sozy se tournent vers l’Église, l’armée… Dans un monde soumis à des changements dont la guerre, François et son épouse Anne sont entraînés dans la spirale de la Révolution française. Leur emplacement, loin du tumulte de Paris les protège. Pourtant, le sort leur réserve des surprises et tragiques retournements de situation, qui ne manqueront pas d’attrister le lecteur…

Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pour François de Saint-Sozy et sa famille, la noblesse française est mise à rude épreuve. Grâce à des descriptions fidèles, des dialogues qui améliorent l’immersion dans ce contexte historique, Xavier-Marie Garcette traite des thématiques particulières, dont la piété et l’humanité de son protagoniste. Peu sensible au matérialisme et au maniérisme que l’on reproche à la cour royale, il donne vie à un personnage qui suscite l’admiration. Un ouvrage passionné, écrit avec sincérité. Finalement, le lecteur sent à quel point son vaillant François se bat pour vivre, apprendre, aimer et respecter les traditions.

Le roman Le marquis de Saint-Sozy : un aristocrate quercinois au siècle des Lumières a été publié chez l’Harmattan, disponible à la vente depuis 2019.

Lire un autre livre :

https://www.infosoir.com/info3108/culture/celebrades-des-haikus-en-hommage-a-la-carriere-de-brigitte-bardot.html

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